Children shouldn't play with dead things. Tu n'aurais pas dû jouer avec moi.
Ca faisait des mois. Des mois que j'avais pas recommencé à bouffer autant. Je m'étais même stabilisée avec ma perte flagrante de poids. Et voilà qu'une petite conne fout mes espoirs en l'air, réduit mes envies à néant, et voilà que je me remets à manger manger manger. Il a suffi qu'elle vienne, qu'elle m'illumine comme un phare breton et qu'elle ne fasse rien pour concrétiser nos projets, il a suffi d'elle pour que je replonge doucement dans un bain duquel j'étais fière de m'être extirpée. Je te hais si tu savais de me rendre de nouveau comme ça. Je suis faible maintenant, parce que j'ai eu la force de te virer de ma vie. J'ai eu la force de te dire de lâcher l'affaire, que pour l'instant, il fallait démordre un peu. On se retrouvera peut-être plus tard ? Oui, c'est bien beau de dire ça mais pour être honnête, j'en sais rien du tout. Et je ne sais même pas si j'ai envie de te retrouver plus tard. Tu n'es qu'une gamine. Deux ans de plus que moi. Sur ta carte d'identité, oui. Dans ta tête, je ne sais pas. Par les expériences, certainement pas. Tu es incapable de te débrouiller seule, tu es incapable de prouver à ta famille que tu mérites plus de libertés, tu es incapable de leur montrer que tu as dix huit ans. Tout simplement parce que tu n'as pas dix huit. Ta façon de réagir, de te comporter, c'est enfantin, rêveur, irréaliste. Ouvre les yeux, voilà ce que je t'ai répété durant cinq mois. Ouvre les yeux putain. La vie c'est pas un conte de fée, qu'on soit amoureux ou pas, que cet amour soit réciproque ou pas. La vie c'est une chienne merde. Tu m'as fait croire que c'était possible de rêver dans un monde pareil et je t'en veux atrocement pour ça. Parce que j'ai toujours clamé que ce n'était pas le cas et je me suis laissée aveugler par ton amour. Je t'ai cru, à moitié, mais je t'ai fait confiance. J'ai eu tort. C'est probablement une de mes plus grosses erreurs. Parce qu'à cause de toi, je suis tombée de haut. Et maintenant, je me retrouve dans un état pas possible en face de toi, toi qui prétend qu'on devrait rester amies. Toi qui y arrive superbement bien. Et moi, comme une idiote, j'ai promis de ne pas te lâcher. Alors je fais semblant, je suis fausse, je te fais croire que ça me convient et en cachette... Je mange comme dix. Voilà. Fantastique. Et si ça se trouve la semaine prochaine, je ne mangerai plus du tout. Et la semaine d'après, je fumerai quelques joints, et ensuite je goberais des cachets. Qui sait ? Peut-être que je me retrouverais.